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Castaner, Blanquer, Castex, Bayrou…
Traitons aujourd'hui des prononciations des noms de familles et des noms de lieux où parfois, le phonétisme local se trouve fortement malmené par le français.
Paulhe, Paulhan
Le lh du nom de la commune aveyronnaise de Paulhe ne pose aucun problème aux locuteurs locaux qui prononcent « poille ». Mais ce n’est pas le cas pour les locuteurs d’horizons divers qui, ignorant la graphie lh, peuvent dire « pole ».
Les mêmes diront « bérou » pour Bayrou, « cressèl » pour Creissels (prononcé « Crèyssèl »), et « boine » pour Boyne. Ils ignorent les prononciations du lieu ; et nous mêmes sommes pris en défaut quand nous sortons de notre domaine occitan et que, par exemple, nous nous faisons remarquer en prononçant Metz avec tz alors que les habitants du lieu disent « mess » et Reims se dit « reinss » et non « rèmss ».
Ce qui est plus grave c’est quand les locuteurs du lieu même adoptent la prononciation fautive. C’est le cas dans la commune héraultaise de Paulhan, où l’habitant lui-même dit « polan ». Ainsi en va-t-il du sort de ce toponyme dérivé en -anus de l'anthroponyme latin Paulius pour désigner le domaine de Paulius. Dans le cas de Paulhe, Paulianus a subi un recul d’accent tonique. La voix a porté sur la première syllabe et la finale du mot s’est dégradée. Issu de ce nom de lieu, le nom de famille Paulhe a l’Aveyron pour premier département de référence devant le Tarn.
Les causes
Soit qu’on ne l’ait jamais connu (ce qui est le fait d’un locuteur étranger), soit qu’on l’ait oublié (ce qui est le fait de la population locale), l’ignorance du phonétisme régional est, bien entendu, la cause de ces mauvaises prononciations.
Dans le cas de Paulhe, l’écriture avait vocation de guider le locuteur mais hélas la prononciation de lh par l mouillé a été oublié à Paulhan comme ailleurs.
Par contre, le « ell » de Montpellier n’encourage pourtant pas les non-occitanisants qui disent « monpeulié » à prononcer « montpélié ». Et même le « ill » de Millau n’a pas empêché les gens du Centre et du nord de la Loire de dire « milo » au point que le Petit Larousse avait entériné cette prononciation. Au grand dam des Millavois devenus « milavois »… Jules Artières écrit dans Millau à travers les siècles que « dans les gares échelonnées entre Paris et Neussargues ou Arvant, si vous demandez un billet pour Millau, vous n’êtes pas compris. ‘Ah ! dit l’employé, si vous aviez prononcé comme il faut, j’aurais compris tout de suite’. »
Bien entendu, il est des cas où le ll n’est pas mouillé et que, par exemple, « ville » ne rime pas avec « bille » ou « fille »… mais quand même !... Il faut donc convenir que si la graphie communément admise par la généralité de la population ne sert pas à la bonne prononciation, la graphie traditionnelle ne fera qu’empirer cet état de fait.
Blanquer, Ferrer, Oliver, Castaner
C’est encore le cas avec la finale -er de noms de familles du sud-ouest : Castaner, Blanquer, Ferrer ou Oliver sont prononcés, hors phonétisme catalan ou gascon, sous la forme « castanèrr, blanquèrr, ferrèrr » ou « olivèrr », alors que le français ne réserve (hormis « hiver », du latin hibernum) cette prononciation qu’à des mots où er est suivi d’une consonne finale : « travers, couvert, divers », etc.
Or il faut prendre conscience que ces noms ont pour répondant Castagnier (châtaignier), Blanquier (mégissier), Ferrier (ouvrier de forge), Olivier (olivier si nom de lieu originel ; rameau d’olivier si nom de baptême mystique). Dans cette mesure, la prononciation adéquate de ces noms devrait être parallèle aux prononciations « castagnié », « blanquié », « ferrié » et « olivié » bien souvent reprises telles quelles par les noms de familles Castagnié, Blanquié, Ferrié et Olivié.
C’est ainsi que nous avons Blanquer à prononcer « blanqué » et parfois représenté par le nom de famille Blanqué, Ferrer à entendre « ferré » représenté par le patronyme Ferré et Oliver à restituer sous la forme « olivé » auquel correspond le nom de famille Olivé.
Castaner représente un état de langue catalano-ibérique castañer avec tilde sur le n au lieu de ny (castanyer) donnant ainsi la prononciation « castagné ».
Castex, Castets
Dans d’autres cas, l’écriture a tenté de codifier les traits phonétiques propres à une région ou à une langue.
Le x de Castex est une graphie pour rendre le th (prononcé tch) et par ma suite t issu de ll en gascon en position finale. Ainsi castellu (château) a donné castèth (prononcé castetch) et plus largement castèt. Ainsi Castex peut-il être entendu et prononcé « castetch » ou « castet » et non plus« castex ». Nombre de noms de familles Castet au sens de « château » représentent cette prononciation..
Une solution intermédiaire avait été adoptée avec la graphie ts : elle est donnée par le patronyme Castets particulièrement répandue dans les Landes, la Gironde, les Hautes-Pyrénées et le Gers.
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