Noms de Familles et Noms de Lieux

Noms de Familles et Noms de Lieux

Genêts et terres pauvres

Genêts et terres pauvres

Ginestet

 

 

L’Aveyron est le département de référence du nom de famille Ginestet, loin devant le Tarn, le Tarn-et-Garonne et la Haute-Garonne. Et, dans l’Aveyron, c’est le Ségala qui concentre le plus de familles de ce nom dans ses communes et les fermes et hameaux environnants.

Dans l’ordre d’importance des représentations, citons particulièrement Moyrazès, Rieupeyroux, Colombiès, Castanet, Sauveterre-de-Rouergue, Centrès, Pradinas et Baraqueville.

 

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 (Genêts sur l'Aubrac -photo Martine Astor)

 

Le dérivé ginestet désignait la genêtière, le lieu couvert de genêts.

Dans ce cas, le suffixe -et ne doit pas être confondu avec le suffixe diminutif de cantonet (petit coin), ostalet (petite maison) ou catonet (petit chat). Ce dernier est le produit du latin -ittu. 

Le dérivé latin arboretum « verger » emprunté pour dénommer les plantations d’essences variées en vue de reboisements, représente le suffixe collectif -etum que l’on rencontre dans de nombreux toponymes.

 Le ginestet en question est donc linguistiquement à considérer sous le même aspect que castanet (châtaigneraie), tremolet (tremblaie, lieu où abondent les peupliers) ou frigolet (lieu où abonde le thym).

GINESTET nom de hameaux des communes de Moyrazès, Castanet et Centrès représentent le sens de genêtière. Ils se trouvent dans les zones d’expansion du nom de famille relevées par la statistique INSEE.

Il y a donc correspondance entre le nom de lieu et le nom de famille. Certains noms de fermes ou hameaux sont devenus noms de familles et, dans d’autres cas, le nom de famille est devenu nom de lieu. On assiste alors au cycle complet du retour à la terre, où l’individu qui a pris son nom du lieu l’implante à nouveau ailleurs (lieu > habitant > lieu).

Les genêtières correspondent à des zones où la nature reprend ses droits quand l’homme ne cultive plus, soit parce que la terre est trop pauvre, soit qu’il manque des bras : « Pendent la guèrra de 14 que i aviá pas grand monde, tot lo torn del vilatge [de Cambolàs], aquò èra pas que de ginesses1. » Avec fougères, ronces et bruyères, le genêt arraché était assemblé en énormes tas qui, brûlés, procuraient une cendre qui servait de fumure au futur champ de seigle : « Trasián de ginèsses, afornelavan e escampilhavan las cendres per far de se(g)al2. »

On s’intéressera également au toponyme Ginestel, nom de ferme au sud-ouest de Saint-Salvadou. Ginestel est également un nom de famille (rare) issu de ce type de nom de lieu. Ce patronyme est particulièrement connu à La Salvetat-Peyralès et Sainte-Geneviève-sur-Argence.

Ici le suffixe -èl est incontestablement un diminutif. Garde-t-il sa valeur diminutive pour désigner une petite genêtière ? ou bien a-t-il un sens collectif, comme on dit une olivette en bas-Languedoc pour désigner une oliveraie ? les questions sont posées. 

 

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 (Genêts sur l'Aubrac -photo Martine Astor)

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1. Baraqueville – Sauveterre, Al canton, 1998, p. 163. Collectage de Raymond Lacombe, né en 1929 à Camboulas.

2. Ibid., p. 164. Collectage de Juliette et Fernand Ferrand, nés respectivement en 1919 et  1911 à L’Espitalet de Druelle. 

 

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13/01/2022
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