Noms de Familles et Noms de Lieux

Noms de Familles et Noms de Lieux

Noms d'arbres

 

 

NOMS D’ARBRES

 

L’arbre isolé caractéristique du lieu (ferme, champ, pré, étape du chemin ou de la route) est à l'origine de quantité de noms de lieux et de noms de familles qui en sont issus.

 

 

Fau, Delfau

 

Ce nom de lieu et nom de famille représente l’occitan fau issu du latin fagus,  lui-même produit du grec phagos.

Il s’agit du chêne du pauvre (au point de vue de la menuiserie). Au Moyen Age, ses feuilles (appelées « plumes de bois ») étaient utilisées pour rembourrer les matelas. Très dur, son bois servit à faire des épingles à linges et des cure-dents.

Le nom de lieu FAU est un nom de commune et hameau du Cantal, et un nom de hameau de l’Ardèche, de l’Aveyron, de la Lozère, de la Haute-Loire, du Puy-de-Dôme et du Tarn-et-Garonne.

Au chapitre des noms de familles, il faut compter DELFAU (Lot, Aveyron) et la francisation DUFAU de la façade atlantique (Gironde, Landes, Pyrénées-Atlantiques). Il signifie « de la ferme du Fau, du hameau du Fau ».

Hormis l’usage de la préposition del / du, l’article disparaît dans les noms de familles. 

Le nom de familles FAU a le Cantal, l’Aveyron et le Lot pour départements de référence. On note une particulière expansion du patronyme dans tout le domaine de l’occitan central.

Suivant la couleur de l’écorce, ce fau est parfois qualifié de blanc : ainsi du FAUBLANC du Puy-de-Dôme (commune de Cisternes-le-Forêt) et FAUBLANC du Lot (commune de Pinsac).

On peut considérer comme r    are FAUDEMAY, nom de famille des Alpes-Maritimes, désignant sous le nom de fau de mai « hêtre de mai », l’arbre planté devant la maison du notable ou (pratique perdue) devant le siège d’une confrérie.

 FAULONG est à peine plus connu. Il est présent dans le Sud-Ouest (Hautes-Pyrénées, Gers).

Ce patronyme est issu d’un nom de lieu désignant un grand hêtre où long a le sens de « grand ».

C’est le sens du nom de famille LONG qui s’étend sur les Bouches-du-Rhône, le Var et la Drôme. On relève pour ce nom de famille une importante présence dans l’Aveyron (Rodez, Laguiole, Sainte-Geneviève-sur-Argence, Cantoin, Réquista, Villefranche-de-Rouergue).

 

 

Fraysse

 

Le nom de lieu et nom de famille FRAYSSE représente l’occitan fraisse  « frêne » du latin fraxinu.

Le français « frêne » et Fresnes (bien connu pour sa prison) représentent une différence d’accentuation tonique de fraxinu latin. Accentué sur le a en français : d’où chute du bref et produit fresne. Accentué sur le i bref en zone occitane, perte du et produit fraisse.

Le bois de frêne a toujours servi à faire des manches (pioche, pelle,…) et la présence de cette essence au bord de  nos routes et chemins est due à son utilisation pour l’alimentation animale.

On connaît le nom de la commune du FRAYSSE dans le Tarn, et avec graphie ai, Le FRAISSE de la Lozère, du Puy-de-Dôme, du Tarn et du Cantal.

A noter que la graphie ay a servi à noter la prononciation « aï ». L’orthographe suppose que le locuteur connaît la prononciation occitan et ne prononce pas « fresse ».

L’article disparaît avec les FRAYSSE de l’Aveyron (particulièrement hameau de la commune de Lacroix-Barrez) et de la Dordogne ; et le nom de la commune de FRAISSE-SUR-AGOUT dans l’Hérault.

Le noms de famille FRAYSSE a une belle expansion : 5885 naissances sur le plan national au siècle dernier (1890-1990). Il a pour départements de référence l’Aveyron, la Corrèze et le Lot. 

Avec ai pour ay, la variante FRAISSE  est plus connue dans l’Aude, l’Ardèche, l’Hérault, le Puy-de-Dôme et la Haute-Loire. 

Avec del (del fraisse, du frêne), DELFRAYSSE est en voie de disparition. Quelques éléments sont connus dans l’Hérault.

 

 

Py, Delpy

 

Le nom de lieu et nom de famille PY représente la forme phonétique (« pi ») de l’occitan pin « pin », du latin pinus.

Même si, dans les Pyrénées-Orientales, la Haute-Garonne et le Tarn, on rencontre des PI, le y est la graphie généralement adoptée. Il en est de même pour le nom de famille Mouly = Moulin ou Martin = Marty.

Outre l’utilisation de son bois en tant que bois d’œuvre, le pin est l’unique source de la résine, la poix (la pèga) ;  ce que les Latins appelaient la crapula, d’un nom qui, à époque classique, a pris le sens d’ivresse (être dans la poix…) et, au cours des siècles, en France, le sens moral de malhonnêteté (une façon de sortir de la poisse…)1.

Le grand pin, arbre isolé caractéristique du lieu, est représenté par PY, nom de hameau  de la commune de  Loubressac (Lot) et dans bien des communes aveyronnaises.

Outre un nom de ferme dans la commune de Sévérac-le-Château, ce toponyme se rencontre particulièrement dans l’ouest du département : est de la vallée du Tarn (Broquiès et Compolibat), ouest du Ségala (Rieupeyroux) ; ferme à Najac ; château à Laval-Roquecézière (marches du Tarn). De ce type de nom de lieu sont issus les noms de familles PY : 4811 naissances au siècle dernier (1890-1990) sur le plan national.

Ses départements de référence sont, dans l’ordre, l’Hérault, les Pyrénées-Orientales, le Tarn, la Haute-Garonne, l’Aveyron et les Bouches-du-Rhône. 

 

 

Bès, Bez, Bex

 

Le nom de lieu et nom de famille Bès, Bez, Bex représente l’occitan beç « bouleau », du gaulois bettius.

Le bouleau est utilisé en menuiserie et ébénisterie. 

Il est aussi utilisé pour faire des sabots et des bobines de fil.

Son écorce était employée pour faire des chaussures, des lanières, des récipients et des couvertures de toits. 

Nom de lieu, il se présente sous diverses morphologies :

- avec un s final : LE BES, noms de ferme à Arvieu, à Alrance  (Lévézou et Lagast);

- avec un z final : LE BEZ, hameau des communes de Lanuéjouls, de Florentin-la-Capelle  (plateau de Montbazens et Viadène);

- avec un final : LE BEX, hameau des communes de Mur-de-Barrez, de Grand-Vabre (Carladez et Ségala de Conques).

En tant que nom de famille, BÈS est la forme la plus connue.

Ses départements de référence en sont le Tarn, les Pyrénées-Orientales et l’Aude.

BEZ se rencontre particulièrement dans l’Aveyron et dans l’Aude.

Quant à BEX, il affectionne l’Aveyron, avec son foyer de fréquence dans la commune de Goutrens (canton de Montbazens).

Avec la préposition de, il faut noter :

l’Aveyronnais DELBÈS (par ailleurs connu dans le Lot et le Lot-et-Garonne) ;

et une forme DELBEZ peu connue.

La francisation DUBEZ est landaise.

 

 

Rouyre, Rouve

 

Les noms de lieux ROUYRE et ROUVE représentent l’occitan roire et rove désignant 3 espèces de chênes :

1)     d’une part, le chêne blanc, encore appelé chêne pubescent (quercus lanuginosa) en fonction du duvet couvrant la face inférieure de ses feuilles; 

2)     d’autre part, le chêne pédonculé (quercus pedunculata) ainsi appelé parce que le gland est rattaché à la branche par un pédoncule ; 

3)     enfin, le chêne noir, chêne rouvre ou chêne sessile (quercus sessiliflora) ; dans ce dernier cas parce que le gland n’a pas de pédoncule. Sur nos causses, on ne trouve  principalement que du chêne pubescent. C’est lui qui est représenté par nos noms de lieux ROUVE.

Depuis robur latin, l’évolution phonétique diffère suivant que la voyelle u interne s’est ou non conservée.

On observe la conservation du évoluant en v dans le cadre de l’évolution phonétique : robur > rovur > rovr > rovre.

Dans l’évolution rob(u)re > robre, on voit  b devant r donner une semi-consonne proche du anglaisCette semi-consonne w évolua sous la forme de la semi-voyelle pour résister à l’action assimilatrice de la voyelle o précédente. 

Le terme roure évolua donc en roire représenté par les noms de lieux ROUYRE. Ce dernier est particulièrement connu dans l’Aude, dans la Haute-Garonne, le Lot-et-Garonne, l’Hérault et le Tarn (qui a aussi Rouyregros, dans la commune de Nages).

Le rove ou roire se caractérise par la permanence des feuilles fanées qui demeurent sur les branches l’hiver durant.  Ainsi s’explique la couleur rouille de la chênaie caussenarde, laquelle n’est pas des moindres beautés de nos paysages.

Nous avons déjà envisagé les noms de lieux se rattachant à ce nom d’arbre, nous étudierons aujourd’hui les noms de familles.

ROUYRE est un nom de famille bien connu dans le Tarn (avec Graulhet pour centre de fréquence), dans l’Aude et l’Hérault. 

On rencontre également la forme semi-graphique ROUIRE (où i remplace le y) dans le Cantal, le Tarn et le Puy-de-Dôme.

Enfin ROUVE a l’Aveyron pour département de référence, loin devant l’Hérault et le Tarn.

 

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1. Chez les Latins, la crapula était spécialement l’essence de résine que l’on mêlait au vin. Au Moyen Age en Gaule, on conserva ce sens d’ivresse en tant que débauche. C’est au XVIIIe siècle que le terme se généralisa à toutes sortes de débauches (libertinage,…). Il faut attendre le XIXe siècle pour voir apparaître le sens de « malhonnête ».

 

 

Garric

 

Le nom de lieu et nom de famille GARRIC représentent l’occitan garric désignant le chêne en général. 

Nous avons déjà vu que le terme garric  avait un sens général le faisant désigner en tous lieux les espèces les plus diverses.

Sur nos causses, comme on l’a vu, le garric est le chêne blanc ou chêne pubescent.

Les Cévennes et la région de Castres donnent à garric le sens de chêne kermès, le petit chêne à feuille de houx.

Autour de la Méditerranée, dans la garrigue, le garric est le chêne vert.

L’expansion du nom du garric d’après la carte IGN au 25 000e exprime une rareté dans le sud du département. Ce qui paraît démontrer un grand glissement de l’usage du terme vers le sud depuis les époques de fixation des toponymes. 

Le nom de famille GARRIC issu de ce type de nom de lieu est particulièrement représenté dans l’Aveyron. Il est le premier département de référence : il réunit à lui seul 33 % des effectifs de naissance sur le plan national au siècle dernier (1891-1990), soit 20 % de plus que ceux du Tarn (2e département de référence) et  23 % de plus que ceux de la Haute-Garonne. 

 

 

Blaque

 

Le nom de lieu et nom de famille BLAQUE représente l’occitan blaca désignant le chêne des causses, le chêne blanc ou chêne pubescent.

C’est aussi en fonction de la couleur blanchâtre de ce duvet que cet arbre porte populairement le nom de chêne blanc.

Peut-être à rapprocher d’un *blacca gaulois au sens de « plantation », la racine blacca est à considérer comme prélatine.

La présence multiple du toponyme LA BLAQUE entre Languedoc et Provence (Aude, Aveyron, Bouches-du-Rhône, Var, Vaucluse) peut faire induire un sens collectif à la mention de l’arbre isolé.

Et cette leçon peut être bonne pour d’autres noms d’arbres (pins, frêne,…) où le toponyme évoquant l’arbre seul a sans doute désigné un bois constitué de cette essence.

Ce nom de lieu est connu dans les environs de Millau, avec La Blaque sur le rebord du Larzac, dans les environs des fermes de Potensac et du Pinel. La Blaque est également le nom d’un promontoire boisé dominant un méandre du Tarn, entre Comprégnac et Candas.

Sur les contreforts du Larzac, dominant Saint-Rome-de-Tarn, mais dans la commune de Saint-Georges-de-Luzençon, le lieu-dit La Blaquette désigne une petite chênaie bien plus qu’un petit chêne.

Le nom de famille BLAQUE est peu passé à l’habitant. On le trouve dans la Marne et la Haute-Marne. S’agit-il d’émigrations méridionales ?

Par contre, on rencontre une belle fréquence du nom de famille BLACHE dans des régions où l’on dit chabra pour cabra : dans l’Ardèche, la Drôme et l’Isère et ailleurs, où le nom de lieu LA BLACHE est très connu pour désigner des chênaies ou d’anciennes chênaies.

Paul Vidal de la Blache, fondateur de la géographie scolaire et universitaire (1845-1918), natif de Pézenas, porte toutefois un nom qui, dans l’Hérault, aurait mieux collé avec le décor sous la forme Blaque.  En fait les généalogistes de la Haute-Loire1 trouvent les origines de la famille au hameau de La Blache, dans la commune de Malrevers, canton d’Emblavez-et-Meygal. Ils soulignent que les Vidal furent nombreux dans l’Emblavez et se distinguaient par la mention de leur lieu d’habitation : d’où Vidal de la Blache.

 

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1. Pour plus de précisions, chercher sur internet à geneal43.com histoire vidal de la blache

 

 

Deleuze

 

L’euse du nom de famille DELEUZE (avec de et l’article précédant euse, yeuse, du lat. ilex)désigne le chêne vert, le Quercus ilex des botanistes.

Connue avec ELZE, de Malons-et-Elze, dans le Gard, la mention de l’arbre isolé se présente sous les formes L’ELZE, ELZES, L’EUZE, L’EUSE, LEUZE, L’IEUZE dans les lieux-dits du Languedoc.

On y voit le z alterner avec le s sonore. On y voit l’article défini s’agglutiner avec le nom.

On voit enfin le issu du i de ilex se diphtonguer en ie, d’où ieuse emprunté par le français « yeuse ».

Le nom de l’arbre est parfois accompagné d’une épithète : ainsi de LIEUZE PELAT qui, dans la commune d’Aumelas (Hérault), met en évidence, sous le nom d’yeuse pelé, un très vieil arbre qui aurait été là plusieurs siècles durant; cet arbre pouvant vivre trois cents ans et plus.

De la forêt originelle du Languedoc, principalement constituée de chênes verts (alors bois de chauffage et abondante source de tanin pour les tanneries), il reste des bouquets d’arbres mentionnés ou non par des toponymes et, le plus souvent, des toponymes qui témoignent de leur présence passée.

Le nom de famille DELEUZE est surtout gardois avec une expansion rhodanienne. DELIEUZE est héraultais.

Notons aussi le pluriel DELZEUZE (dels euses, des yeuses) pratiquement disparu (Hérault), et DELZIEUZES, DESIEUSES disparus.

 

 

Delon

 

L’òlm, l’òm, l’òn du nom de famille DELON (avec de et l’article précédant òn, orme, du latin ulmus).

Le ouvert latin a donné o ouvert aussi bien en français qu’en occitan.

Le l entravé s’est maintenu tel en occitan ou a disparu, mais est passé à r en français pour résister à son érosion dans un mot déjà court ayant tendance à devenir homonyme de « om / on = homme », ce qui s’est passé en occitan.

Le e muet final du français, est un e de soutien après l’émission de 2 consonnes entravées.

Aujourd’hui décimé par la graphiose, l’orme (encore appelé « ormeau ») est un arbre de grande longévité (pouvant vivre entre 300 et 500 ans) qui fut souvent érigé, dès le Moyen Age, au milieu de la place du village ou de la ville où se tenaient les réunions de la communauté urbaine : la platea ulmi « place de l’orme ».

A Montpellier, où les places sont comme souvent en bas Languedoc, des « plans », le Plan de l’Om est la place de l’Orme.

Son bois dur et, comme l’aulne, résistant à l’humidité, le fit choisir pour la construction de moulins à eau, pour les gibets et les moyeux de roues de charrette. Les pilotis des maisons de Venise sont en bois d’orme et d’aulne.

Dans nombre de cas, om toponymique est affecté du h parasite affectant nombre de termes commençant par o (par exemple Hort pour Ort, jardin). 

Ainsi de L’HOM, hameaux des communes d’Almont-les-Junies, Laguiole, Lunac et Manhac. 

A ce titre, le nom de famille DELHON rouergat et tarnais, signifie « originaire de la ferme, du hameau ou du village de l’Hon / Hom ».

Le pluriel « les ormes » (les òms en occitan) est donné par LES HOMS, nom de ferme de la commune de Nant et LES HOMS lieu-dit de la commune de Saint-Christophe-Vallon.

Le nom de famille DELON signifie « natif de L’ON ». Ce nom de famille est bien connu. Son département de référence est le Gard (521 naissances pour 4000 sur le plan national). 

Il est suivi par l’Hérault, la Corrèze et, en 4e position, l’Aveyron (293 naissances).  

La famille d’Alain Delon est originaire, depuis le XVe siècle (avec Jean Delon) du Tarn-et-Garonne (Saint-Vincent-Lespinasse, arrondissement de Castelsarrasin).

 

 

Vergne

 

Le nom de lieu VERGNE et le nom de famille qui en est issu, représentent l’occitan vèrnh, vèrnhe, vèrn, vèrna, désignant l’aulne glutineux (dont les feuilles des jeunes pousses collent aux doigts). Le terme est franco-occitan puisque « verne » concerne environ la moitié des pays d’Oïl en tant que terme traditionnel.

D’introduction gauloise (verna, verno-), cette racine est bien antérieure à alnus latin.

Le « vergne » est réputé pour être un bois imputrescible. Pour cette raison il fut utilisé pour les  pilotis et les gibets. Les canots des Indiens d’Amérique du Nord étaient en aulne. 

Gaulois, le nom de cet arbre affectionnant les bords humides des rivières, il est couramment associé à dubron gaulois (eau courante). Ainsi le rencontre-t-on avec le nom de deux affluents de l’Orb : le VERNAZOBRE, arrosant Saint-Chinian (Hérault) et le VERNAZOUBRE, tributaire de l’Orb près de Truscas.

Le nom de l’arbre est en composition avec le gaulois -ialo, clairière, pour donner le sens de  « clairière du bois de vergnes, clairière de l’aulnaie » et par la suite, « village de l’aulnaie », avec VERNAJOUL de l’Ariège, VERNEUGHEOL du Puy-de-Dôme et VERNUÉJOL, hameau  de la commune  de  Neuvéglise dans le Cantal.

 

 

 

 

Drulhe, Druelle

 

Le toponyme DRULHE représente l’alisier, arbre se satisfaisant de conditions climatiques difficiles telles que le froid et la sécheresse. L’alisier blanc est une essence bien connue dans les montagnes du Midi de la France.

Ce nom de lieu fait référence à un terme occitan qui aujourd'hui, ne s’applique qu’à son fruit : la drulha, la druèlha, la drolha, la drelha.

Issu du gaulois dervos désignant une sorte de chêne, le dérivé dervullia  a été dévié dans la désignation de l’alisier.

La dérivation en -ièr, commune à tous les noms d’arbres à fruits, a donné drulhièr, drelhièr, pour ne désigner l’arbre que sous ce nom.

Le nom de la commune de DRULHE (canton de Montbazens) se rattache à la forme drulha.

DRUELLE, commune  du canton de Rodez, se rattache à une variante dépalatalisée druèla de druèlha. Les nombreux lieux-dits DRUILHE, DRULHE, DRULH et DREUILHE (ce dernier commune du canton de Lavelanet dans l’Ariège) représentent donc le terme ancien occitan désignant l’alisier.

Ce type de nom de lieu est bien souvent passé à l’habitant : les noms de familles DRUILHE et DRULHE sont presque inféodés à l’Aveyron. Par contre, DRUILLE appartient à la Haute-Garonne. 

Le terme « alisier », issu d’une racine propre à l’arbre en question, est également bien connu de l’occitan sous la forme aliguièraligièr, qui peut faire postuler une racine *alica  du gaulois des montagnes méridionales, doublet de *alisia  des montagnes septentrionales qui a donné « alise  ». Le nom de l’aliguièr / aligièr  est représenté par des lieux-dits tels que LALIGUIÉ de la commune de Rodelle (Aveyron) ou LALLIGIER, près de Saint-Cirgues-en-Montagne (Ardèche).

Le nom de lieu ALLIGIER est devenu nom de famille avec l’Ardèche et le Puy-de-Dôme pour départements de référence.

 

 

Sahuc, Sambuc, Sambucy

 

Le nom de lieu SAMBUC se rattache à l’occitan sambuc du latin sambucus désignant le sureau. Le toponyme est connu dans l’Aveyron avec Le Sambuc, nom de ferme du rebord nord-est du Larzac (commune de Nant) dominant la source du Durzon.

Il est connu dans bien d’autres départements : par exemple Le Sambuc, hameaux des communes d’Arles et Vauvenargues (Bouches-du-Rhône), tous deux cités dès le XIIe siècle.

 

De ce type de nom de lieu évoquant l’arbre caractéristique du lieu, est également issu le nom de famille SAMBUC (Bouches-du-Rhône) et la forme relatinisée en -y, SAMBUCY (Var, Aveyron).

Au latin sabucus présentant la perte du m, se rattache l’occitan sabuc et saüc, avec perte du b intervocalique favorisée par la grande différence d’ouverture labiale entre a et u.

sabuc se rattache SABUC, hameau sur une croupe montagneuse, dans la commune de Lestrade-et-Thouels. L’abbé Vayssier, dans son Dictionnaire patois-français de l’Aveyron, donne la forme sabuc pour la région de Saint-Sernin-sur-Rance, 20 km au sud de Lestrade-et-Thouels.

A la forme saüc répond LE SAHUC et SAHUC, de l’Ariège, du Lot-et-Garonne et de l’Hérault.  Notons la graphie avec h intervocalique destinée à maintenir la prononciation  et à éviter donc la confusion avec la diphtongue au.

L’Aveyron qui, sur la carte au 25 000e, ignore Sahuc, comporte plusieurs Sahut, avec avancée du point d’articulation du c en t, répondant à un occitan saüc. Il a Le Sahut, hameau de la commune de Castelnau-Pégayrols, sur la route de Bouloc ; Le Sahut, hameau de la commune de Saint-Salvadou ; Le Sahut de la commune de Montagnol ; et le pluriel Les Sahuts, lieu-dit de la commune de Comps-la-Grand-Ville.

Le nom de lieu SAHUC est devenu nom de famille : au siècle dernier (1890-1990), on observe pour lui 1333 naissances sur le plan national. Les 2 départements de référence de ce patronyme sont la Haute-Loire (24 % des effectifs de naissances) et le Tarn-et-Garonne (14,2 %). Suivent l’Hérault (82 naissances), le Lot (76) et l’Aveyron (56). Avec ü, SAÜC très rare, est inféodé au Gers (21 naissances).

 

 

Theil, Deltheil

 

Le latin classique désignait le tilleul sous le nom féminin de tilia. Les formes tel, til de l’ancien français, et telh, tilh de l’occitan, sont issues d’une variante masculine tilius du latin populaire. 

L’occitan tilhòl désignant les fleurs du tilleul, et le français « tilleul », sont le produit d’un diminutif tiliolus du latin populaire.

Le tilleul servait à faire des charpentes de meuble et des cadres de tableaux.

La fibre de son écorce servait à la confection des paniers, des cordes, des sandales et des nattes. Par ailleurs, au même titre que l’orme, Sully fit planter des tilleuls dans les jardins publics et dans les grandes avenues.

L’arbre caractéristique de la ferme originelle ou le singulier à valeur collective, sont à l'origine des noms de hameaux.

L’Aveyron comporte 9 Le TEIL noms de hameaux et lieux-dits du Ségala, de nord-ouest de l’Aveyron, de l’Aubrac, du Causse Comtal, et un Le THEIL (hameau de la commune de Lanuéjouls) avec h faussement grecquisant après t

Au nom de hameau ou au nom de la ferme se rattachent les noms de familles THEIL, DELTHEIL, DUTHEIL. L’Aveyron est, après la Dordogne et le Lot, le 3e département de référence pour DELTHEIL. Mais le Rouergue comporte bien plus encore DELTEIL (sans h) : 1520 naissances sur le plan national au siècle dernier (1890-1990) pour 364 à DeltheilLa francisation DUTEIL est reçue dans le Tarn et la Haute-Garonne.

 

 

 

ARBRES FRUITIERS

 

Le suffixe -ariu

 

Alors que le latin classique usait du neutre pour désigner le fruit (pirum, poire), de son pluriel pour un ensemble de fruits (pira) et du masculin en -us pour l’arbre fruitier, la Gaule adopta le suffixe collectif latin -arium  = -ier pour désigner l’arbre porteur de fruits.

Ainsi le latin avait-il :

prunum = la prune (neutre singulier)

pruna = les prunes (neutre pluriel)

prunus = le prunier (féminin singulier), d’où les toponymes Pruns.

Ce dernier fut suivi dans les siècles futurs en Gaule par un dérivé masculin en -ier : « prunier » alors que les fruits devinrent féminin (sans doute par une fausse interprétation du pluriel neutre du type pruna). 

 

 

Le prunier 

 

Le nom de lieu PRUNS de l’Aveyron (communes de Camboulazet, Canet-de-Salars), du Cantal et du Puy-de-Dôme n’est pas directement issu du latin prunus > prun(u)s > pruns, mais de « prunier » en ancien occitan (pruns) lui-même issu du latin.

L’arbre fruitier distinctif du lieu est évoqué par le toponyme LE PRUNIER connu dans le Tarn et la Lozère.

Pensons aussi au Causse de Prunier (commune de Martiel) et le lieu-dit Les Pruniers de la commune de Colombiès. 

Comme pour « pommier », l’occitan prunier est identique au français.

Néanmoins, le nom de famille PRUNIER est plus courant en pays d’Oïl qu’en pays d’Oc (Bouches-du-Rhône, Hérault, Gironde).

Une forme féminine Prunière est représentée dans l’Aveyron avec PRUNIÈRES, nom de ferme de la commune de Muret-le-Château, par un toponyme de la commune de Chaudes-Aigues dans le Cantal, mais surtout par deux noms de communes de la Lozère et des Hautes-Alpes.

On pourrait rapprocher prunièra de l’ancien occitan pomièra ci-dessous en tant que variante féminine de prunièr au sens de « prunier ».

A ce toponyme se rattache le nom de famille PRUNIÈRE(S) qui a la Lozère pour département de référence : 332 naissances sur le plan national au siècle dernier (1890-1990) pour Prunières qui en comporte 58 en Lozère, 31 dans le Lot, 24 dans le Tarn-et-Garonne et 14 dans l’Aveyron; 180 naissances pour Prunière (sans s) qui en donne 30 à la Lozère, 18 au Lot et 13 au Puy-de-Dôme.

 

 

Le pommier

 

Le latin poma désignait l’ensemble des fruits d’un arbre. Il se spécialisa en ancien français et en ancien occitan au sens de fruit du pommier où pomum a pris la place de malum « pomme », fruit du pommier  (malus).

A signaler par exemple deux hameaux du Lot : POMMIÉ commune de Cambes (canton de Livernon) et POMIÉ de la commune de Baladou (canton de Martel). 

Le nom de lieu LE POMMIER est bien connu en tant que lieu-dit, nom de ferme ou hameau.

L’Aveyron a Puech du Pommier dans la commune de Saint-Chély-d’Aubrac.

Mais la plupart des toponymes aveyronnais présente le pluriel pomièrs, et ceci sous la forme Pommiès (Villeneuve), Mas Pomiès (Ayssènes), Le Mas de Pommiers (Nant), Pomiers (Curières) qui donne son nom à la forêt domaniale de Pomiers, Les Pomiès (La Fouillade, Sainte-Croix), Pomiès (Sénergues), et avec perte de l’accent écrit, Pomies (La Capelle-Bonance, Moyrazès, Villeneuve).

Il faut tenir compte, dans certains cas, d’un retour à la terre de certains noms de familles Pommier / Pommié où le pluriel signifie « ferme des membres de la famille Pommier ».

L’occitan pommier et le français « pommier » se confondent pour donner le nom de famille POMMIER très répandu (419e rang des noms de familles de France).

Une forme féminine pomièra au sens de « pommier », connue de Vayssier qui la localise au sud de l’Aveyron et par Frédéric Mistral (Trésor du Félibrige), est représentée avec le nom du ravin de la Pomière, au nord-ouest d’Andabre, dans la commune de Camarès. 

 

 

Le noyer 

 

Le latin nux « noix »1 a été dérivé en nocariu en bas latin. Cette dérivation est à l'origine de l’occitan nogairòl et du français « noyer ».

A l’égal de pruns ci-dessus désignant l’arbre, un ancien occitan nutz, variante de notz, pourrait être considéré au sens de « noyer » peut-être à l'origine du nom des hameaux de NUCES dans les communes de Moyrazès et de Valady. 

Pour Millau, Jules Artières, dans Millau à travers les siècles, note que la guerre de 14 fit disparaître nombre de noyers avec lesquels on faisait les crosses de fusil.

Planté à côté de la ferme, il était censé la protéger de la foudre vu qu’il la repoussait.

L’occitan noguièr est représenté par NOUGUIER / NOGUIER que l’on rencontre peu dans la toponymie du Midi de la France (Nouguier de la commune de Bollène dans le Vaucluse, de la commune de Taradeau dans le Var ; le pluriel Nouguiès à Dio-et-Valquière, dans l’Hérault). 

Le nom de famille Nouguier / Noguier représentant l’arbre distinctif du lieu est particulièrement connu dans le Gard, les Bouches-du-Rhône et l’Hérault.

La toponymie méridionale préfère la forme francisée Le NOYER, LES NOYERS.

A ces toponymes se rattachent les noms de familles Noyer et Noyé. L’Aveyron est le département de référence du nom de famille NOYÉ et connaît également de nombreux NOYER.

 

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1. Exception à la règle : nux latin désignait la noix et bien d’autres fruits à coque, et le noyer.

 

 

Le châtaignier

 

Le latin castanea désignant l’ensemble des châtaignes d’un châtaignier a donné lieu à la dérivation  castanha + -ièr donnant l’occitan castanièr.

En tant qu’essence, le châtaignier a servi particulièrement en tant que bois de charpente.

On en fait usage pour la fabrication des piquets de vignes et des cercles de barrique. Le nom du village de Sauclière représente l’occitan ceuclièra décrivant cette dernière activité avec, pour matière première, les rejets de châtaigniers.

La carte de l’Aveyron comporte 6 noms de lieux CASTANIER / CASTANIÉ et 2 toponymes CASTANIÈS représentant le pluriel castanièrs.

Les noms de familles issus de ces types de noms de lieux présentent différentes graphies : CASTANIÉ (qui a l’Aveyron pour département de référence), CASTANIER (plus connu : Gard, Cantal, Hérault, Aveyron), CASTAGNIER (qui évite nos régions), CASTAGNÉ (le plus connu).

 

 

Le poirier 

 

Le latin pira désignant l’ensemble des poires d’un poirier a donné lieu à la dérivation  pera + -ièr donnant l’occitan perièr.

La carte de l’Aveyron comporte 19 noms de lieux PÉRIÉ. De nombreux noms de familles PÉRIER et PÉRIÉ sont issus de ce type de nom de lieu désignant l’arbre caractéristique de la ferme. 

A la différence de Prunier ou Pommier, la distinction entre la forme française et la forme occitane est évidente.

Le nom de famille POIRIER est surtout connu dans les pays d'Oïl (avec toutefois une belle présence dans l’Hérault, la Haute-Garonne, les Bouches-du-Rhône et le Var). 

Il n’y a pas, bien entendu de commune mesure entre les 27225 naissances de POIRIER (123e rang sur 1000 noms de famille) et les 5107 naissances de PÉRIER            (Gironde, Dordogne, Cantal, Hérault, Gard) et les 2035 de PÉRIÉ (Lot, Tarn, Aveyron, Tarn-et-Garonne, Hérault, Haute-Garonne).

Une possibilité de confusion avec peirièr « tas de pierres, carrière de pierrre », doit toujours être soupçonnée en raison des confusions inévitables dans les graphies, entre PEIRIER de racine pèira et PÉRIER de racine pèra « poire ».

 

 

Le figuier

 

Le latin populaire fica dérivé en ficarius a donné le français « figuier » et  l’occitan figuier.

L’Aveyron a Le FIGUIER, écart du hameau de Lespinassole, dans la commune de Crespin. Jean-Louis Dardé, cite en 1868, le pluriel FIGUIÈS (figuièrs > figuiès), nom de hameau de la commune de Salles-la-Source.

L’Hérault a le Bois du FIGUIER à Félines-Minervois. 

Il a aussi le féminin figuièra au sens attesté de “figuier” avec Notre-Dame de la FIGUIÈRE, nom de chapelle à Saint-Saturnin, mansum de Figueira  en 1134 dans le cartulaire de Gellone). 

On trouve le toponyme Le Figuier dans le Tarn-et-Garonne, l’Aude, le Var, mais aussi dans la Charente et la Charente-Maritime et bien plus au nord : Maine-et-Loire, Indre, Aisne, Isère,

Nom de ferme, il est passé à l’habitant sous la forme FIGUIER et FIGUIÈRE, forme féminine courante en occitan. 

Pas très courant, le nom de famille est représenté dans le Gard, sur la façade méditerranéenne (curieusement en sautant l’Aude) et la façade atlantique. FIGUIERE est bien plus connu : Bouches-du-Rhône, Alpes-de-Haute-Provence, Gard, Hérault.

 

 

Le cerisier

 

A la différence du français, l’occitan conserve la forme latine pour le nom du cerisier.

Le latin cerasum devenu ceresium en latin populaire, est à l'origine de l’occitan ceriès, cerieis.

Des noms de lieux de l’Auvergne et du Limousin nous parlent de cerisiers un au pluriel l’autre au singulier : Dans le Cantal, SÉRIERS, com. du c. de Saint-Flour-Sud, représente cerièr, le nom occitan du cerisier. Le nom est ici au pluriel, désignant ainsi une cerisaie.

L’Aveyron des cerisiers (sur lequel nous aurons l’occasion de revenir) comporte 9 Le SÉRIEYS, 2 SERIÈS, 2 CÉRIEYS et les pluriels CÉRIEYSSES, SERIEYSSES répondant à l’occitan cerieisses.

A ce type de nom de lieu se rattachent les noms de familles SÉRIEYS du Languedoc (Aveyron, Hérault) et de l’Auvergne (Cantal), SÉRIEYX, SIRIEIX du Limousin, SEYRÉS et CERÈS gascons.

On note aussi DELSERIEYS (del serièis, du cerisier : Hérault, Cantal), DUSSERIÉS et DUSSERRIÉS (disparus).

A la forme cereisièr, dérivé collectif en -ièr de cerièisa, cerise, se rattachent les patronymes SERISIER et SERIZIER (Gironde).

 

 

 

LES BOIS sous l’aspect des essences représentées

 

 

Nous commencerons avec le suffixe neutre latin -eum  qui donne -ea au pluriel et est à l'origine de nombreux noms de lieux à la finale caractéristique de ce type de dérivation où -ea devenu –ia mouille ou palatalise la consonne précédente : le n y devient gn, le l y devient ill, le t y devient ts > ss.

 

 

Cassagne

 

CASSAGNE (représenté par Cassagne-Bégonhès) est un dérivé du gaulois cassanos « chêne » et casse(n) occitan « chêne pédonculé, chêne rouvre ».

L’Aveyron a 3 toponymes évoquant l’arbre isolé : Le CASSE, hameau de la commune de St-Rome-de-Tarn, Puech du CASSE, lieu-dit de la commune de Lestrade-et-Thouels, Le Moulin de CASSES, hameau de la commune de Brommat. 

On retrouve le nom de cet arbre dans les noms de familles DELCASSÉ, DELCASSE et DUCASSE (nom d’un cuisinier bien connu dont la famille est de la Chalosse, dans les Landes).

On le trouve dans des toponymes d’origine gauloise avec CAUSSENUEJOULS de la commune de Cornus, dont la forme ancienne en  Casse montre qu’il s’agit de la clairière des chênes : cassan-o-ialo.

La dérivation en -eum / -ea est à l'origine du nom de lieu CASSAGNE : CASSAGNES-Bégonhès, nom de commune de l’Aveyron. 

D’où CASSAGNE nom de famille très connu dans le sud-ouest (Haute-Garonne) et la façade méditerranéenne (Hérault, Bouches-du-Rhône). 

Ces noms de lieux et noms de familles représentent donc un terme ancien occitan désignant la chênaie.

 

Frayssignes

 

FRAYSSIGNES  est un nom de lieu de l’Aveyron et du Lot représentant l’occitan fraissinha issu d’un bas latin fraxineum > fraxinea.

Fraissinha a le sens de “frênaie”.

Le nom de famille Frayssignes (avec s final) est presque inféodé à l’Aveyron. Sans s, il est presque disparu.

 

Prunhe

Dans le nord-Aveyron,  il faut citer LA PRUNHE lieu-dit de la commune de Brommat  et Les Prunhes de la commune de Laguiole. Dans le sud du département, on connaît Prugnes de la commune de Camarès ; ailleurs : Laprugne, commune de l’Allier.

On part de prunus latin « prunier » dérivé en pruneum / prunea au sens de « prunelaie ».

A ce type de nom de lieu se rattache le nom de famille PRUGNE ayant le Puy-de-Dôme pour département de référence.

 

Trémouilles

 

Basé sur le latin tremula  « peuplier tremble », le dérivé tremoleum – tremolea est à l'origine de tremolha occitan. Il s’agit d’un collectif désignant la tremblaie.

TRÉMOUILLES est un nom de commune de l’Aveyron. C’est aussi un nom de lieu-dit de la commune de Najac. Pensons aussi à Trémouilles du Cantal.

Le nom du peuplier tremble (populus tremula) est dû à son feuillage sensible aux plus discrètes brises. Le tremol aime les sols quelque peu humides ; aussi hante-t-il les vallées montagnardes. Il aime aussi le soleil, aussi s’élance-t-il en fuseau vers le ciel, formant de longs rideaux d’arbres le long des cours d’eau. 

Il fournissait, au temps des fours à bois, un excellent bois de boulange. On en tira aussi grandement partie pour la fabrication de la pâte à papier.

Nombreux noms de lieux Le Tremble dans tous les pays d’Oïl.

Le nom de l’arbre isolé est représenté au pluriel dans l’Aveyron, avec Les TREMOULS, nom de bâtiment à Escandolières et lieu-dit à Bertholène.

Au nom de l’arbre isolé se rattachent quelques noms de familles TRÉMOL (Bouches-du-Rhône, Haute-Garonne).

 

Fages

 

La faja “la hêtraie” relève du latin fagus qui a donné fageum / fagea  > fagia « hêtraie ». D’où les nombreux noms de lieux-dits, fermes et hameaux FAGE, La FAGE (Aveyron, Cantal, Lozère – La Fage-Montivernoux).

A ce type de nom de lieu se rattache le nom de famille FAGES (Lozère, Aveyron, Hérault, Gard, Haute-Garonne). 

La forme FAGE sans s étant plus provençale (Vaucluse, Gard, Bouches-du-Rhône).

 

Bages

 

Le toponyme BAGE(S) représente le gaulois bago « hêtre » et suffixe -eum /-ea. A-t-il donné lieu à un ancien occitan *baja parallèle à faja?on l’ignore.

Il est représenté dans l’Aveyron avec Bages, nom de ferme de la commune de Canet-de-Salars (ruisseau de, lac de), et nom de hameau des communes de Saint-Affrique et Saint-Jean-d’Alcapiès.

Le nom de lieu Bages est connu dans bien d’autres départements : Aude, Hérault, Tarn, Cantal, Pyrénées-Orientales, Pyrénées-Atlantiques, Gironde).

Il en est issu le nom de famille BAGES représenté  dans le Tarn, l’Hérault et l’Aveyron.

 

Besse

 

L’ancien occitan beça “boulaie” a pour origine le gaulois bettius, dérivé en betteum – bettea d’où est issu bettia.

LA BESSE, BESSE est un nom de lieu connu dans l’Aude, l’Aveyron, le Tarn, le Lot,  le Cantal, le Puy-de-Dôme (Besse-en-Chandesse) et la Corrèze.

Sur la carte au 25 000e, L’Aveyron a 12 noms de hameaux, fermes et lieux-dits  relevant du toponyme La Besse.

Le nom de famille BESSE est fort connu : plus de 12200 naissances sur le plan national au siècle dernier (1890-1990). Dordogne, Corrèze, Haute-Vienne, Cantal, Gironde en sont les départements de référence, mais tous les départements occitans sont représentés. Aveyron et Hérault y participent.

 

Vergne

 

Le collectif en -ea (bas latin vernea > vernia) est à l'origine de l’occitan vernha, aulnaie, représenté par La VERGNE (Aveyron, Tarn, Cantal, Dordogne, Puy-de-Dôme), LAVERGNE du Lot et du Lot-et-Garonne, sans oublier, avec agglutination de l’article, LAVERNHE de l’Aveyron (Vernha en 1327).

La francisation avec e muet final confond sous le nom de famille VERGNE, VERGNES (avec Tarn, Aveyron et Hérault pour départements de référence) le vernh / vernhe “l’aulne” (prononcé bèrgné) et la vernha “l’aulnaie”.

La même remarque est bonne pour le patronyme BERGNE.

En fait, si l’on se réfère à la toponymie, la mention du nom de lieu La Vergne est de bien plus grande fréquence que Le Vergne. La carte de l’Aveyron au 25 000e n’en comporte pas. La Lozère en comporte un avec Le Vergne de la commune d’Albaret-le-Comtal. Il n’y a que le pluriel Les Vergnes, très connu en toponymie, qui prennent les arbres dans leur unicité.

 

 

Vaysse

 

Pour une raison de simple homonymie en occitan, on confond également le simple et le collectif dans le nom de famille VAYSSE qui, sans article, mêle l’ancien occitan vaissa  « coudraie » < bas latin vaxea < bas latin et le simple vaissa « coudrier, noisetier sauvage » du bas latin vaxa, sur vax- prélatin et sans doute préceltique.

Ici aussi, mais pas pour les mêmes raisons, les noms de lieux La Vaysse, Lavaysse et même Les Vaysses, excluent généralement le simple coudrier au bénéfice de la coudraie en tant que lieu de ramassage de scions  pour faire paniers, corbeilles, etc.

Le nom de famille VAYSSE issu de l’un de ces multiples noms de lieux, a l’Aveyron pour département de référence, suivi du Tarn. 

 

 

Le suffixe collectif -et

 

Le suffixe collectif -etum (suffixe -etum de arboretum) est à distinguer de -ittum diminutif. 

Le produit de -etum en -et et le pluriel du neutre -eta a donné –eda qui a entraîné un faux féminin (castaneda, beceda,…).

C’est de l’évolution du suffixe -eta latin  qu’est issu le suffixe « -aie » du français : -eta a évolué en –eda en occitan, mais en -oie en ancien français prononcé « ouè » (par les stades -eye > -ey > -we graphié -oi) pour aboutir à  « è » en français moderne.

Les aunaie, châtaigneraie, chênaie, coudraie, frênaie, saussaie sont issus de dérivés latins en –eta.

 

 

Castanet

 

Le nom de lieu CASTANET représente le latin castanetum. Castaneda est issu du bas latin castaneta.

On peut citer Castanet, nom de commune de l’Aveyron, Castanet (Lot-et-Garonne, Haute-Garonne, Gard).

A la forme féminine La Castanède se rattachent des toponymes de l’Aveyron (commune de Mounès-Prohencoux) et du Tarn-et-Garonne.

Le nom de famille Castanet issu de ce type de nom de lieu a pour départements de référence le Gard, la Haute-Garonne, la Gironde et la Dordogne.

 

Lauglanet, Lavelanet

 

 

Avec aulanet, auglanet, on trouve aussi et enfin le suffixe collectif en -et modifiant aulana, auglana « noisette ».

Il est donné par LAUGLANET de la commune de Saint-Beaulize, dans l’Aveyron .

Le plus connu de ce type de dérivé est LAVELANET de l’Ariège et de la Haute-Garonne.

 

 

Trémolet

 

Le nom de lieu et nom de famille TRÉMOLET représente l’occitan tremolet « tremblaie », une peupleraie de peupliers trembles, issu du latin tremoletum.

Il est bien connu dans l’Aveyron avec le nom de famille TREMOLET qui a sa plus grande fréquence dans ce département.

Il ne s’agit pourtant pas d’un toponyme très répandu : tout au plus un nom de ferme à Auzits, sur la carte au 25 000e

La forme féminine TRÉMOLÈDE (de l’occitan tremoleda issu du bas latin tremoleta) est plus connue : dans l’Aveyron, à Camjac et Saint-Christophe-Vallon.

Tremblay-lès-Gonesse (commune de la Seine-Saint-Denis où se situe l’aéroport Charles-de-Gaule) est de même racine que Trémolet. 

Mais le français « tremblaie » se rattache à Trémolède.

 

 

Fayet

 

Le nom de la commune de FAYET (canton de Camarès), mais aussi celui des hameaux de Fayet dans les communes de Castanet et de Rodez (sud de la ville). 

 Le toponyme représente un ancien occitan *faiet, dérivé collectif en -et de fai, variante de fau, au sens de «  hêtraie ».

Notons aussi l’occitan  faieda, dérivé collectif en -eda sur le modèle des autres dérivés, représenté par LA FAYÈDE, sommet à Arnac-sur-Dourdou.  

Ce nom de lieu est à distinguer de La FAYETTE, nom de bâtiment de la commune de Moyrazès.

Pensons aussi à La Fayette, acteur de l’indépendance américaine et de la Révolution française, dont la famille possédait le château de La Fayette à Aix-la-Fayette dans le Puy-de-Dôme. Dans tous ces cas, il s’agit d’un faux diminutif de faia variante de faja « hêtraie » où le suffixe diminutif -eta s’est télescopé avec -eda au sens collectif et en a pris la valeur.

 

 

Vayssette(s)

 

Le même phénomène s’est produit avec VAYSSETTE(S), noms de lieux de l’Aveyron, Lot-et-Garonne, Tarn-et-Garonne et, avec variante VAISSETTE, nom de famille de l’Aveyron, Tarn et Hérault. 

On peut même tout simplement penser à un sens collectif doublant le sens diminutif pour le suffixe -eta. Le terme d’oliveta, francisé en « olivette » pour désigner une oliveraie, est un autre exemple de ce télescopage.

 

 

Besset

 

Le suffixe -et / -eda sert à dériver beç « bouleau ».

Le dérivé becet « boulaie », bois de bouleaux, est représenté dans l’Aveyron avec BESSET hameau de la commune d’Arvieu et de Moyrazès, et un lieu-dit Le Besset de la commune de Mostuéjouls.

Le dérivé beceda est représenté par les La BESSÈDE de l’Aveyron (Mostuéjouls, Coupiac, Combret), de l’Ardèche, de l’Ariège, du Cantal et de la Lozère).   

Il est l’origine du nom de famille BESSET (domaine sud-occitan  : Aveyron, Tarn, Haute-Garonne ; domaine nord-occitan : Ardèche, Haute-Loire, Puy-de-Dôme).

Le patronyme BESSÈDE a, quant à lui, le Tarn-et-Garonne, la Gironde, le Gard et l’Hérault pour  départements de référence.

 

 

Olmet

 

Le suffixe -et / -eda a servi à dériver olm « orme ».

L’occitan olmet « ormaie » est donné par le nom de commune de l’Hérault, OLMET-et-Villecun. On connaît aussi Olmet dans le Puy-de-Dôme. 

Ce dérivé est à l'origine du nom de famille lotois LOULMET. 

Le féminin est représenté par L’OLMÈDE dans le Gard (commune de St-Paul-la-Coste).

 

 

Euzet

 

L’euset “bois de chêne yeuse” est un dérivé en -et de euse “yeuse”.

Il est représenté par EUZET nom de commune du Gard et nom de famille de l’Hérault.

 

 

 

Sahuquet

 

On a vu SAHUC représentant le nom du sureau. Il donne SAHUQUET avec suffixe -et issu de -etum, suffixe collectif latin (celui de arboretum) à distinguer de -ittum diminutif qui donne -et (celui de l’occitan catonet, petit chat).

Il s’agit d’un toponyme connu dans le Sud-Ouest : Ariège, Haute-Garonne et Landes. Le nom de famille qui en est issu, a l’Aveyron, le Gard et l’Hérault pour départements de référence.

Le dérivé féminin en –eda  est donné par  LA SAMBUGUÈDE, dans la commune de Pégairolles-de-l’Escalette.

 

 

Sauzet

 

SAUZE, nom de lieu depuis les Alpes-Maritimes jusqu’au Puy-de-Dôme et la Haute-Vienne, en passant par le Tarn et l’Ardèche, est le nom du saule (latin salix) en occitan : salse, sauset.                                                                                                         En Rouergue, le l ne s’est pas vocalisé en u ; d’où Le Salze, hameau de la commune de Saint-Izaire et lieu-dit de la commune de Saint-Jean-du-Bruel.

Salze / Sauze dérivé en -et désigne la saulaie : ainsi de Salzet hameaux des communes de  Castanet  et de Lescure-Jaoul; sainsi de Sauzet, ferme de la commune de Lunac.                                        

Le nom de famille SAUZET qui en est issu est languedocien  (Hérault, Gard), et du nord-occitan (Puy-de-Dôme, Haute-Loire,  Ardèche). 

La forme féminine La SAUZÈDE est connue dans les mêmes régions.

 

 

Albaret

 

ALBAR, nom de famille de l’Aveyron avec Bor-et-Bar et Najac pour foyers de fréquence, mais également représenté dans le Tarn et l’Hérault, représente l’occitan albar, le saule blanc (en fonction de la couleur blanc grisâtre de ses feuilles, encore appelé saule argenté  ou osier blanc. 

 

Le collectif ALBARET dérivé roman sur albar

 albareda = dérivé en eda

est un nom de lieu de l’Aveyron (Coubisou), de la Lozère (Albaret-le-Comtal, Albaret-Ste-Marie) 

et un nom de famille du Cantal, de la Lozère, Haute-Loire, Haute-Garonne et Aveyron. 

 

 

Teillet

 

Sur teil occitan, du latin tilietum, on a TEILLET représenté par un nom de commune du Tarn, mais également présent à Pampelonne et à Lisle-sur-Tarn.

Dans l’Aveyron, on compte des Teillet à Clairvaux et Nauviale (dans le Vallon) et à Colombiès  (dans le nord-ouest du Ségala). 

Nom de famille peu courant en zone occitan hormis dans le nord-ouest du domaine : Gironde, Dordogne, Corrèze.

 

 

Mouret

 

Les noms de familles MORIER, MOURIER ont une grande extension géographique

(domaine languedocien : Hérault, Gard ; domaine provençal : Bouches-du-Rhône, Vaucluse ; domaine vivaro-alpin :Drôme, Ardèche, Haute-Loire ; domaine limousin : Haute-Vienne)  et LAMOURIER 

(de l’occ. l’amorièr, variante bien connue de morièr) ne peuvent évoquer que l’arbre caractéristique de la propriété et non la ronce, trop commune pour avoir qualité distinctive. 

Notons encore, avec E. Nègre (TGF) que MORIEZ des Alpes-de-Haute-Provence était anciennement sous la forme du singulier (Morerius, Morarius) et évoquait le mûrier distinctif du lieu. 

Dans ce cas, il s’agirait du mûrier noir introduit dans tout le monde méditerranéen par les Grecs et les Romains, et dont les fruits servaient à la confection de confitures et de sirop.

Les dates d’attestation des toponymes en question interdisent de penser au mûrier blanc utilisé dans l’élevage du ver à soie qui ne connut d’extension qu’à la Renaissance.

 

Tout cela nous amène aux nombreux MOURET (dont Mouret, commune de l’Aveyron) qui ont donné lieu à d’aussi nombreux noms de familles.

 

Et La MOURÈDE de l’Aude (Ferrals-les-Corbières, Roquecourbe-Minervois, Talaran)

 

Remarquons que la dérivation se fait sur le latin morus nom de l’arbre fruitier et non sur le bas latin morariu ou l’ancien occitan morier. Ce qui montre l’ancienneté du nom de lieu.

 

Nous dirons la même chose des nombreux noms de lieux PRUNET des pays d’Oc (Aveyron – Durenque ; Cantal, Haute-Garonne, Hérault) 

et PRUNAY des pays d’Oïl qui sont des dérivations de prunus latin « prunier ».

 

 

Vernhet / Vernet

 

Issus du gaulois vernos “aulne”le dérivé vernhet / vernet représente le suffixe -et  à sens collectif désignant l’aulnaie.  

A ce dérivé se rattachent les noms de lieux : VERNET (Aveyron, Ardèche, Cantal) / VERNHET (Aveyron – Le Truel, Lot). On y retrouve l’alternance présente dans le radical vèrn / vèrnh désignant l’aulne. La mouillure du n indiquée par le h et non prononcée dans vèrnh est issue du collectif bas latin *vernia  à l’origine de vernha occitan signifiant “aulnaie”.

Le collectif féminin verneda “aulnaie” est représenté par VERNÈDE qui s’étend dans diverses zones du domaine occitan  (domaine languedocien : Hérault, Tarn ; domaine provençal : Var ; domaine vivaro-alpin : Ardèche, Haute-Loire; domaine auvergnat : Puy-de-Dôme).

Au chapitre de l’anthroponymie, l’Aveyron est département de référence des VERNHET ; par contre, il offre une place modeste à VERNET qui jouit pourtant d’une belle expansion ailleurs (9606 naissances) avec l’Ardèche pour département de référence (suivent la Drôme, le Puy-de-Dôme et les Bouches-du-Rhône).

 

 

Les dérivés en -aret

 

Une autre catégorie est donnée par les dérivés en -et sur -ar (de -arium) qui a donné –ièr. Ils sont quatre dont nous donnons les principaux départements où on le rencontre et les départements de référence où le nom de lieu devenu nom de famille, est particulièrement présent. 

En premier lieu, pensons à l’occitan prunièr : PRUNARET (nom de lieu connu dans l’Ardèche et le Gard ; à l’origine du nom de famille Prunaret de  l’Ardèche). 

Le noyer, noguièr en occitan est représenté par le dérivé NOUGARET, toponyme bien représenté dans la  Haute-Garonne et le Tarn ; par la relation du lieu à l’habitant, le nom de lieu se retrouve dans le nom de famille Nougaret qui a l’Hérault et le Gard pour départements de référence. 

Le pommier, pomièr en occitan (prononcé “poumier”) donne pomaret “pommeraie” à l’origine de POMARET nom de lieu de l’Aveyron (communes d’Aubin et de Saint-Saturnin-de-Lenne), du Gard, du Lot-et-Garonne, de la Lozère et de la Haute-Vienne. Le nom de famille Pomaret se rencontre dans le Gard, la Drôme et l’Ardèche.

Pour finir, le dérivé figaret de l’occitan figuièr se traduit par le toponyme FIGARET, nom de lieu du Gard (communes de Saint-Hippolyte-du-Fort et de Saint-Julien-de-la-Nef) et de  Hérault (communes de Guzargues et de Saint-André-de-Buèges). Rare, le nom de famille Figaret est quelque peu connu à Sète.

La forme féminine en -eda est représentée par La POMARÈDE sur pommier pommier (nom de lieu fréquent dans l’Aveyron, connu dans le Gard, la Dordogne, le Tarn ; nom de famille : Aveyron, Pyrénées-Orientales, Hérault, Tarn) ; La FIGARÈDE sur figuier (nom de lieu : Aveyron – Connac, Grand-Vabre ; Hérault ; nom de famille : Haute-Garonne). Pensons au nom du col de la SERREYRÈDE au sommet de l’Aigoual, où le toponyme a dû prendre en compte quelques merisiers (cerisiers des oiseaux) rabougris à moins qu’il ne s’agisse (et c’est probablement le cas) d’un dérivé serreda « zone de versants » ayant donné lieu au dérivé serrareda de même sens.

 

 

Les dérivés collectifs en -ièra

 

Enfin, dernier type de dérivé, le dérivé collectif  en -ièra que l’on observe avec trois noms du chêne : la blaca, le rove et l’euse.

La blaca est à l'origine de noms de chênaies avec BLAQUIÈRE, nom de lieu bien connu dans l’Aude, l’Aveyron, le Gard, l’Hérault et le Var et au nom de famille Blaquière (Hérault, Aveyron, Tarn).

Le rove est représenté par ROUVIÈRE, nom de lieu bien connu du Gard, de l’Hérault, de la Lozère, du Tarn et du Var et nom de famille bien connu dans ces mêmes départements.

Le toponyme EUZIÈRE représente l’occitan eusièra dérivé de euse « chêne vert » qui compte des noms de lieux dans le Gard et l’Hérault auxquels est lié le nom de famille EUZIÈRE(S) connu dans les Alpes-Maritimes, le Gard et l’Hérault.

Le beç « le bouleau » se retrouve dans l’occitan becièra qui a donné lieu à BESSIÈRES nom de fermes et hameaux de l’Aveyron, de la Lozère et du Tarn.

 Il y a des possibilités de confusion avec VAYSSIÈRE « lieu où abondent les noisetiers » et les vecièras « champs de vesces ». Ce nom de lieu est d’une rare fréquence dans l’Aveyron, mais aussi dans le Lot et le Tarn.

La noyeraie est donnée par le dérivé nosièra donné par NOZIÈRE (Aveyron, Cantal, Lot, Lozère) et le nom de famille NOZIÈRE(S) bien connu dans le Cantal et le Lot.

Par le biais de l’occitan prunièra, la prunelaie est évoquée par le toponyme PRUNIÈRE(S), nom de lieu de l’Aveyron, du Cantal et de la Lozère,  et nom de famille  bien connu en Lozère.

Pensons enfin à aumièra « ormaie » fort représenté dans l’Aveyron avec le nom de lieu LES AUMIÈRES sur le causse de Villeneuve à Ambeyrac, sur le causse Comtal à Cruéjouls, sur le Lévézou à Lavernhe, au nord-est du Ségala à Moyrazès et à Millau. 

 

 

 



05/04/2022
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