Noms de Familles et Noms de Lieux

Noms de Familles et Noms de Lieux

Les questions du jour



Cantagal

Tous ces noms de lieux ont pour origine une ferme nouvellement créée : là où le coq chante, là se trouuve une ferme   = canta gal en occitan.
Il y en a beaucoup dans l'Hérault : CANTAGAL près de Béziers, et aussi à Lunas, Saint-Pargoire, Saint-Privat.

 Viale

 

La villa romaine

 

La villa d'époque gallo-romaine qui est à l'origine de nos viala, vialar, « villes » et « villages » est un domaine foncier dont le personnel variait entre 50 et 500 personnes.

Centre d'une grande exploitation (champs, vergers, vignes) et des zones non exploitées (pâtures, bois), la villa d'époque gallo-romaine avait une pars rustica (bâtiments d'exploitation : hangars, granges, étables, pressoirs) et logement du personnel, et une pars urbana (bâtiments résidentiels souvent luxueux).

L'importance de leurs bâtiments pouvait être très variable : d'une de nos fermes actuelles à celle d'un village. L'autarcie y était de règle.

Nous avons souvent cité l'exemple de la villa de Chiragan (Haute-Garonne) entourée d'un mur d'enceinte de 1,5 km de long, où vivaient  et travaillaient 400 personnes.

La surface exploitée variait de 200 à 800 hectares. A cela il fallait ajouter une importante surface de landes incultes, friches et bois.

En Rouergue, le domaine gallo-romain ne dépassait pas les 500 hectares (causse Comtal) et cela allait en diminuant dans les régions les plus fertiles (Capdenagais, Pays Noir) (lire Les Rutènes d'Alexandre Albenque, p. 213-226)

Ces domaines étaient généralement le lieu de vie d'une quarantaine de personnes.

En outre, l'auteur remarque que cette moyenne ou petite propriété appartenait à ce que l'on pourrait considérer aujourd'hui comme une bourgeoisie rurale aisée qui n'avait rien de commun avec une aristocratie terrienne à la tête de centaines d'esclaves.

 

 

De la villa romaine à la « vile » de l'ancien français  ou vila / viala de l'occitan

 

Aux alentours du VIe siècle,  au premier Moyen Age, le sens de villa s'est donc mis à hésiter entre les acceptions de « ferme », « hameau » et « village » suivant les lieux, en tenant compte de leur économie, de leur démographie, de leur mode de peuplement, des diverses influences (romaine, gauloise) et de la topographie des lieux.

Cette hésitation dura tout au long du Moyen Age jusqu'au sens moderne de « ville », puisque c'est de cette époque que date la relégation du terme de « cité » au sens de « ville ancienne ».

Quand, aux XIIe-XIIIe siècles, fleurirent les « villes neuves » et les « villes franches », ce sont des villes ou des bourgs au sens moderne du terme que l'on créa le plus souvent et non des hameaux nés en désordre autour de la ferme primitive.

Et c'est de ce sens qu'il faut tenir compte pour VILLEFRANCHE-de-Rouergue  et VILLENEUVE sa voisine. Cela est bon pour ces deux villes et cela l'est partout ailleurs quand l'urbanisation ancienne s'est perpétuée jusqu'à nos jours sous la forme d'une ville ou d'un gros village.




Vautours et bourbiers
 

Bouldras

            Le nom de voldràs donné au vautour en Rouergue est issu du latin vultur au même titre que la forme occitane voltor et française « vautour ».

            On connaît très bien le cas de pastre / pastor où une racine latine a donné lieu à deux formes : « pâtre » et « pasteur » en français ; pastre et pastor en occitan.

Les termes pastre « pâtre » sont issus du latin pastor (pastor > past(o)r > pastre).

Quant à pastor « pasteur », ils représentent pastorem, un cas de la déclinaison latine (l'accusatif).

            Ce maintien d'une forme de déclinaison dans l'ancienne langue, aussi bien en ancien français qu'en ancien occitan, fut également à l'œuvre pour vultur latin.

            « Vautour », voltor sont issus de l'accusatif vulturem. Il faut toutefois penser que l'ancien français a hérité d'un des pays d'Oc, sa finale en « -our ». On aurait effectivement attendu « vauteur » comme on a eu « pasteur, pêcheur,… ».

            Quant au cas sujet vultur, il a donné voltre, voldre en ancien occitan.

Et comme on a eu pastràs, dérivé de pastre, pour désigner le berger brutal avec ses bêtes, notre voldràs est un dérivé en -às de voldre, désignant le vautour aussi bien sous l'aspect de sa taille imposante que pour évoquer la rapacité dont la mémoire collective investit cet oiseau.

 

Il y a « bouldras » et « bouldras »…

 

            Il n'a pas échappé à certains de nos lecteurs que « bouldras » avait aussi un autre sens : celui de « bourbier, mare d'eau très sale ».

            Dans Dictionnaire patois-français de l'Aveyron, l'abbé Vayssier mêle bourbier et vautour sous l'entrée Bouldras.

            Cette homonymie est due à la prononciation b de v quand il s'agit du vautour. Elle fait donc du nom du rapace l'homonyme de boldràsb est étymologique.

            La racine en est le bas latin bullitor « en état de bouillonnement » issu du latin classique bullire « bouillonner ». L'idée de bouillonnement a donné lieu à celle d'eau troublée, d'eau sale et de boue liquide, bourbier.

            Le cas sujet bullitor est à l'origine de boldra « boue, limon », aussi bien en rouergat qu'en gévaudanais. A noter que le féminin n'est pas ici étymologique et est sans doute dû à un croisement : peut-être avec loda « boue, limon ». Le terme donne lieu au lieu-dit BOULDRE, sur les hauteurs au nord-est de Muret-le-Château, dans une zone de sources.

            Tout comme pour le nom de l'animal, le suffixe augmentatif et péjoratif -às a servi à mettre en évidence, par le dérivé boldràs, la grande quantité de boue et la gêne qu'elle occasionne.

            D'autre part, l'accusatif bullitorem sera à l'origine de boldor / boltor que l'on retrouve en toponymie avec BOULTOU, quartier de Millau, au sens de « fondrière, lieu de fort écoulement d'eau par temps d'orage » et, dans l'Hérault, LE BOULDOU, au sud de Lodève, près du cours de la Lergue, ou bien encore BOULDOUX, nom de hameau formant le second élément du nom de la commune de Babeau-Bouldoux, dans le canton de St-Chinian.


La Bouldoire, Bouldoires

 

            Plus répandus sont les exemples toponymiques de l'occitan boldoira issu du latin populaire bullitoria. L'abbé Vayssier donne pour ce terme le sens d'eau sale et corrompue. Le dictionnaire d'Alibert  donne le sens de « détritus entraînés par les eaux », le Dictionnaire du gévaudanais généralise avec le sens d'alluvions.

          Les noms de lieux LA BOULDOIRE, BOULDOIRES, LA BOULDOUYRE, BOULDOUYRE de l'Aveyron donnent en fait le sens de lieu fréquemment envahi par les eaux lors de périodes de forts orages, soit qu'ils voisinent des sources qui se répandent sur les abords, soit qu'ils voisinent des cours d'eau. Donnons pour exemple BOULDOUYRE, sur un bord sud du lac de Salles-Curan pour lequel l'environnement toponymique (Les Rajals, Les Moulières) abonde en ce sens.

            Le nom de famille aveyronnais BOULDOIRES est issu de ce type de nom de lieu. Hors du département, ce nom de très modeste fréquence, n'assure que des présences dans les départements limitrophes Hérault, Cantal, Tarn-et-Garonne, le Puy-de-Dôme, avec échappées vers le Puy-de-Dôme, la Haute-Garonne, le Lot-et-Garonne et le Var.

            Il faudra le distinguer de BOULDOIRE (sans s) qui, de plus faible fréquence que le précédent, finit par ignorer l'Aveyron dans la deuxième moitié du XXe siècle.

           

           

             



10/08/2009
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