Noms de Familles et Noms de Lieux

Noms de Familles et Noms de Lieux

Noms de lieux

 

Des limites plus coutumières qu’administratives

 

Le nom de lieu La BRO / LABRO est attesté à une vingtaine d’exemplaires sur la carte IGN du département de l’Aveyron.

L’article est d’usage constant ; seul le pluriel Bros de la commune de La Roquette fait exception, mais, dans son Dictionnaire des lieux habités de l’Aveyron, Jean-Louis Dardé note toutefois las Bros.

A  part le nom du hameau de La Bro de la commune d’Escandolières et la ferme de La Bro de la commune de Muret-le-Château, l’ensemble des autres toponymes désignant la brò sans autre déterminant, se présente sous la forme Labro.

Le pluriel donne lieu au toponyme Las Bros de la commune de Saint-Geniez-d’Olt (près de Pomayrols), et Lasbros des communes de Condom-d’Aubrac (au nord du village) et de Réquista (au nord de Lincou).

Les toponymes concernés représentent l’occitan broa, brò « bord, limite » issu du gaulois broga, champ. Les sens donnés par les toponymes en question répondent à ceux d’orée d’un bois, limite broussailleuse entre deux champs de propriétaires différents, talus broussailleux entre deux champs de propriétaires différents. Aucun souvenir n’est conservé par les limites communales actuelles comme on peut l’observer pour nombre de toponymes Méjan exprimant lui aussi l’idée de limite (mejan, au milieu de, entre deux domaines ruraux, entre deux juridictions). Il faut en conclure que le terme désignait une limite plus traditionnelle qu’administratives (les abords d’un grand domaine, les abords d’une agglomération).

 

Un exemple de fausse régression

 

Le Vibal pour Le Bibal (= domaine de l'évêque, domaine épiscopal < lat. episcopal > bisbal > bibal). Le v étend prononcé b en languedocien, on a parfois accoutumé de faire régresser par erreur le b en v, d'où Bibal > Vibal.

 

 

 

L'utilité de la forme ancienne

 

 

 C'est la forme ancienne Marsils qui dans les noms de lieux permet de ne pas interpréter Martial = saint Martail.

Les toponymes qui, de prime abord, se rattachent à Martial dans le département de l'Aveyron, ont une forme ancienne Marsil non concordante avec le nom du saint. MARZIALS, hameau de la commune de Montjaux est porté Marsils au XIe siècle (Inventaire toponymique de la vicomté de Millau au XIe siècle, 1968). MARTIEL, commune du canton de Villefranche-de-Rouergue est porté Marsils dans le même document. Les MARTIOLS, nom de buron de la commune de Curières est porté los Marsils, vers 1180, dans Les plus anciennes chartes en langue provençale de Clovis Brunel (1926). Le même document cite Ugo de Marsils, vers 1160. Quant au cartulaire de Bonneval il donne Marsil en 1162 et Marsils en 1163.

 

 

Il faut en conclure que nous avons affaire à un type de base marsil qui a rapport avec le mois de mars en fonction de terres propices dans les premiers jours du printemps. Reste à savoir sous quel aspect (pâtures ?…).

Le suffixe locatif -il (du latin -ile) a effectivement pour variantes :  -ial (diphtongaison de i bref en ia ; d’où Marzials) ; -iòl (fermeture de a en o ouvert en nord-occitan ; d’où Martiols) ; -ièl (fermeture de a en è, d’où Martiel). Le sens du dérivé en -il (-ial, -iòl, -ièl) est proprement « le lieu de … » ; donc « le lieu du printemps ». Ainsi donc (s’il ne s’agit pas d’une coïncidence) la dédicace de l’église de Marzials (Aveyron) à saint Martial se serait faite dans le méconnaissance de ce lointain ancien occitan. 

 

 


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



12/07/2012
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