Noms de Familles et Noms de Lieux

Noms de Familles et Noms de Lieux

Productions agricoles et toponymie

 

 

 

 

PRODUCTIONS AGRICOLES

ET TOPONYMIE

 

 

Jacques ASTOR

 

Conférence donnée par Jacques Astor dans le cadre du colloque "Terre, paysannerie, productions agricoles dans l'histoire du Rouergue", à Rodez, le 5 juin 2004

 

 

 

Notre projet a été de faire un tour d’horizon (nécessairement rapide) de l’écho donné aux productions agricoles par les noms de lieux de la carte de l’Aveyron au 1 : 25000e.. Sont ainsi mis à plat, à côté l’un de l’autre, des noms qui ne relèvent absolument pas de la même époque, et nous engagent à veiller plus spécialement au contexte historique et économique qui en ont offert le support.

 

Il faut considérer sous cet aspect (et Ernest Nègre en a fait la remarque avant nous dans sa Toponymie générale de la France) les dérivés en -ière : présentant le suffixe collectif -arium / -aria utilisé depuis les temps latins, ils peuvent représenter des noms de lieux d’époque gallo-romaine (Ier siècle av. notre ère - Ve siècle), du haut Moyen Age (VIe-VIIe siècles) tout comme des toponymes du plein Moyen Age et d’époques ultérieures.

 

 

 

 

1. Elevage et alimentation animale

 

Nous  voulons parler, à ce sujet, des Vaquières, ham. de la com. de Vezins-de-Lévézou (lieu de pâture de bovins), Cabrières, ferme de la com. de St-Amans-des-Cots (lieu de dépaissance de chèvres et faut-il penser d’ovins), les Azinières (ham. de la com. de St-Beauzély), Zénières (ham. des com. de Montrozier et St-Symphorien-de-Thénières), Inières (ham. des com. de Lapanouse-de-Sévérac et Ste-Radegonde) et enfin les six Galinières (élevages de poules et assimilés). Dans ce dernier cas, comme dans celui des nombreux Colombier (27), dont Colombiès, com. du c. de Baraqueville, les noms de lieux relèvent du plein Moyen Age, attachés au faire-valoir direct des seigneuries.

Les Azinières, élevages d’ânes et surtout de mulets (cet animal ayant constitué le principal moyen de transport de grains, de biens de consommation et de matières pondéreuses tout au long des siècles) sont datés du IIe siècle à St-Beauzély par A. Soutou, dans son « Inventaire toponymique de la vicomté de Millau au XIe siècle » (Annales du Midi, 1968, n° 172, p. 241).

Représentant le double dérivé -aria latin + -ia collectif gréco-latin, les dérivés en  -erie permettent de déplacer la limite la plus reculée sur le Moyen Age (VIe siècle-XIIIe siècles et époques ultérieures. Nous envisagerons sous cet aspect La Vaquerie, ham. de la com. de Capdenac-Gare et les lieux d’élevage porcin : La Pourquairie (ham. de la com. de St-Chély-d’Aubrac) et La Pourcellerie à Escandolières ; en sachant toutefois que d’autres dérivés peuvent relever d’époque gallo-romaine : ainsi de Pourcaresses du ruisseau des Pourcaresses qui coule dans les com. de Rivière-sur-Tarn et Sévérac-le-Château qui relève d’un bas latin Porcaritia ; ou bien encore Pourcayras (à Millau, près de Soulobres) trouvé attesté au IIe siècle par A. Soutou (Porcheiraz, op. cit.).

Au Moyen Age se rattachent les noms de lieux désignant le bâtiment d’élevage des porcs. Il est donné par Souille de Centrès, Les Souilles de Belmont-sur-Rance relevant de l’ancien occitan solha qui représente le latin suile dérivé en -ia collectif. Quant à Lassouts, il représente l’occitan las sots (d’un bas latin sutis), les toits à porcs, les porcheries. Dans l’un et l’autre cas, la présence de l’article atteste l’usage de l’appellatif en ancien occitan.

Les nombreux Jas (7 occurrences) et les multiples Jasses (38 occurrences) désignent des bergeries depuis le Moyen Age jusqu’à nos jours. Du plein Moyen Age et des époques ultérieures relèvent également les maions, spécialisation de la variante maion  de maison, maison. On peut ainsi citer 13 La Mayou avec article agglutiné (Lamayou) ou non. Et quand la bergerie est nouvelle, on l’appelle la maion nòva, ce qui donne La Magnobe à Noailhac et Causse-et-Diège.

A la transhumance sont attachés les termes de pargada et fumada. Les pargadas avec La Pargade de Lacroix-Barrez, Villefranche-de-Rouergue (de part et d’autre de la ville), de Brandonnet et de Ste-Radegonde.

On a aussi les 11 La Fumade, Les Fumades et La Fumadette qui évoquent les nuits de fumature, où le propriétaire du troupeau touchait des redevances sur la production d’engrais livré sur place. Leur zone embrasse la moitié nord de l’Aveyron avec extension sud au Ségala.

Les noms de lieux Draye  sont des souvenirs des vieux chemins de transhumance. On en trouve 8 occurrences en nord-Aveyron dans une région allant de Drulhe au nord à Rodelle au sud, et de Villeneuve à l’ouest à Ste-Eulalie-d’Olt à l’est.

Il faut adjoindre aux dralhas, les triadors, les lieux de rassemblement et de triage des troupeaux : Le Triadou de St-Chély-d’Aubrac et de Bozouls.

 

La toponymie des pâturages présente une grande abondance : 57 occurrences de Prat, 14 traductions en Pré, et le plus souvent avec déterminant : Prat Pendent (pré en pente) à Cassagnes-Bégonhès, Prat Mary (pré de Mary = Marin) à La Fouillade, Prat Fangous (pré fangeux) à St-Chély-d’Aubrac, Prat Sarrat à Laguiole (pré fermé ; de l’occitan sarrar, fermer). On note encore 74 La Prade, Les Prades ; le féminin prada de prat désignant la prairie. Le diminutif Pradelle de prat est multiplié par 15. Et le dérivé Pradal se présente sous un important corpus de 24 occurrences.

 

Le pré c’est également le devés ou la devesa, spécialisation du sens de « défens » (terrain défendu) qui, par ailleurs, en bas Languedoc, désigne un bois. L’Aveyron comporte 44 Le Devez (Le Devez des Brebis à Onet-le-Château et Salles-la-Source) et 97 La Devèze (La Devèze des Bœufs à Pont-de-Salars, St-Chély-d’Aubrac et Ste-Radegonde, La Devèze des Vaches à Salles-la-Source, La Devèze des Chevaux à Pont-de-Salars, La Devèze Haute, La Devèze Basse...).

Enfin le toponyme Le Communal (à La Fouillade, Montrozier, Nant... une dizaine de fois en tout) est le pré communal, celui qui est possédé par toute la communauté qui en paie le cens au seigneur du lieu.

Le Pastural, la prairie à faucher, est représenté à 4 exemplaires (Vezins, Thérondels, Taussac, Sévérac-le-Château).

 

Quant à la grange à foin, elle est représentée par : Fénial, Le Fénial, Les Fénials à Cornus, Plaisance, Alrance, Baraqueville ; Le Fénié à St-Amans-des-Cots ; et les fenièrs avec Feniès de Rieupeyroux et Camp Feniès de St-Geniez-d’Olt.  Les dérivés en -ièr peuvent également représenter une terre riche en foin.

 

Voilà pour l’élevage et l’alimentation animale.

 

 

2. Les cultures céréalières

 

Avec les champs de céréales nous abordons l’alimentation humaine.

Abordons ce sujet avec un toponyme d’époque gallo-romaine : il s’agit d’Escandolières qui représente un dérivé collectif du latin scandula, scandala, désignant une sorte d’orge ; le suffixe -aria pour -arium, a encore valeur de pluriel : il désigne l’ensemble des champs d’orge.

La toponymie fait la part belle au seigle avec 27 Ségala / Le Ségala, 3 Ségalasse, Sigalière (à St-Izaire) et Les Cégalières à Goutrens. Ces toponymes ne se limitent pas au Ségala et débordent largement sur l’extrême sud du département (Fondamente, Roquefort, St-Jean-et-Saint-Paul, Peux-et-Couffouleux, St-Victor-et-Melvieu...).

 Le champ de blé, le Fromental, présente 19 occurrences réparties sur l’ensemble du département, avec une préférence pour l’ouest aveyronnais (Maleville, Naussac, Auzits, Rignac) sans négliger le Ségala (Camjac, Moyrazès). A époque romane, on pouvait appeler blat, toute céréale en général (le blé y compris). Notons Le Bladenq (la terre à céréale ou la terre à blé), hameau de la commune de Lédergues ; notons encore La Blatie (la ferme aux céréales), hameau de la com. de Pruines ; mais Bladiés, ham. de la com. de Rebourguil, tout comme Les Blatiès de Prades-d’Aubrac peuvent bien plus représenter les noms de familles Bladier et Blatier (issus de surnoms de marchands et/ou transporteurs de blé).

On découvre une riche toponymie du millet avec les noms de lieux du nord-ouest du département La Millière, Milhars, Milhas, Les Millades  (Villeneuve, Najac, Bournazel, La Fouillade), en notant aussi Milharès de Prévinquières et Milhas, hameau de la com. de Lédergues et les Mialas, Mialet du sud-Aveyron.

Le panic, sorte de millet, est également représenté par Panissal (champ de panic) des com. de Toulonjac, Savignac, Prévinquières et La Salvetat-Peyralès.

L’avoine qui servait au gruau des tables rustiques du Moyen Age est représentée par Le Sibadal ou Civadal (champ d’avoine) de La Bastide-l’Evêque, Ols-et-Rinhodes, Laguiole, Najac, Réquista, Campouriez et Calmels-et-le-Viala.

Les noms de lieux évoquant le gerbier ou le pailler sont des indicateurs de lieux où les céréales abondent . Nous pensons à Pailhès de Villecomtal, les Paliès de Castelnau-Pégayrolles, Le Paliès de Druelle, Paliès de Brusque ; mais aussi aux Pailhères de St-Affrique, Pallières de Broquiès, Palhières de St-Izaire, la Pailharié de Coupiac, La Paillerie de Vailhourles, et encore Pailhas, ham. de la com. de Compeyre, Les Paillades à Veyreau, sur le causse Noir, La Paillasse à Mostuéjouls. Nous n’oublierons pas les Balaguier (Balaguier-d’Olt, Balaguier-sur-Rance, Balaguier de Lacapelle-Balaguier) qui a été rapproché de l’espagnol balaguero, monceau de paille sur l’aire par le Dictionnaire étymologique des noms de lieux en France de Dauzat & Rostaing.

Les aires à dépiquer sont nommément désignées par un grand nombre de toponymes Ayres (parfois associés à des noms de moulins (à La Capelle-Bleys, Centrès, Capdenac-Gare), Ayrolles (à Druelle, Espalion), Layrolle à Ayssènes, Brousse-le-Château, Combret, Montagnol) ou Le Sol (com. de Loupiac, Monteils, Morlhon, Naussac, Rignac, Vezins-de-Lévézou, Ste-Croix et Ste-Juliette).

 

 

3. Les légumineuses

 

Au chapitre des légumineuses, citons les nombreux champs de haricots : Les Favarède, Fabarède (surtout en sud-Aveyron), Faveyrolles à St-Izaire, La Fabière à Millau.

Autre légumineuse en faveur, la gesse, encore appelée pois carré ou lentille d’Espagne, est représentée par les lieux-dits, fermes et hameaux La Garouste (des com. de Livinhac-le-Haut, Cabanès, Prévinquières, Colombiès, Sauveterre-de-Rouergue, Centrès, Comps-la-Grand-Ville, Martrin) et Le Garoustal (le champ de gesse) à Taussac. Les attestations de la forme geissa sont discrètes : notons le ravin de Gessière à St-Christophe-Vallon.

 

 

4. La production fruitière

 

Les productions agricoles, ce sont également les fruits.

Citons d’abord un dérivé d’époque gallo-romaine qui peut avoir fait école au cours du Moyen Age : le dérivé collectif bas latin prunea de prunus, prunier, auquel on doit les vergers de pruniers représentés par Prunhe à Bromat, Prugnes-les-Eaux à Camarès, Les Prunhes à Laguiole ; et prunetum bas latin, également dérivé collectif, auquel se rattache Prunet de Durenque et Aurelle-Verlac.

De l’époque gallo-romaine et peut-être du haut Moyen Age, relèvent les 6 Malet des com. de Cassagnes-Bégonhès, Castanet, Combret, Laguiole, Muret et St-Côme-d’Olt qui représentent le dérivé collectif bas latin maletum de malus, pommier. Au Moyen Age paraît se rattacher le dérivé en -aret (composé de -ariu + -etu) donné par Malaret des com des Albres et de Bouillac, et l’ancien occitan malareda représenté par La Malarède de La Roque-Ste-Marguerite. Au plein Moyen Age se rattachent, par contre les dérivés de poma, pomme, représentés par Pomeyrols (à 10 exemplaires) et Pomarède (à 15 exemplaires).

Au Moyen Age appartiennent les noiseraies (lieux plantés de noyers) données par les Nogarède (4 occurrences), Nogaret, Nougayret (5 exemplaires) et Nougayrol, Nougayrolles. On note également de nombreuses coudraies (lieux riches en noisetiers sauvages) que l’on trouve avec les LaVaysse (32 occurrences), Les Vayssières (Salles-Courbatiès, Gissac), La Veissière (St-Affrique, St-Rome-de-Cernon) et La Vayssette (à Manhac, St-Laurent-d’Olt, Bozouls).

La châtaigneraie donne lieu au collectif d’époque gallo-romaine castanetum représenté par le nom de la commune de Castanet et Le Castanet de la Capelle-Bonance. La forme la plus courante est La Castagnal de Mayran, Brandonnet, St-Geniez-d’Olt, Crespin, Sanvensa, St-Hippolyte. Le français « châtaigneraie » prévaut avec La Grande Châtaigneraie à Colombiès ou une forme bâtarde avec  La Grande Châtaignerie, 4 km à l’ouest, et La Châtaigneraie à Pradinas.

Les néfliers donnent lieu aux Nespoulières de Valzergues et aux Nespouliès de Martrin, Goutrens et Bertholène.

Le figuier donne lieu à La Figarède à Connac et Grand-Vabre, et au Figayrol à Cornus.

Le cerisier n’est présent qu’à l’unité avec les nombreux noms de lieux Le Sérieys (arbre distinctif de la ferme). De même pour le poirier, Le Périé représenté à 20 exemplaires dans l’Aveyron. L’amandier est absent de la toponymie tout au moins sous son nom occitan d’ametlièr.

 Enfin la représentation de l’arbre fruitier est synthétisée par les fort nombreux Le Verdier, à 25 exemplaires dans tout l’Aveyron, qui sont autant de vergers. Il sera également possible de voir des vergers dans Verdalle d’Ayssènes, La Verdale de Drulhe et Lanuéjouls, La Berdalo de Martrin et La Verdolle de Laval-Roquecézière.

 

 

5. Les terres closes

 

Certains toponymes citent la haie vive qui empêchait l’errance des animaux d’élevage dans les champs : ainsi de la gòrsa représentée par La Gorse à Sanvensa et Gorse à Thérondels. Le même sens de haie vive est donné par Le Randal à Mayran.

Les vergers étaient bien souvent enclos afin d’être protégés de la dent des ruminants comme des maraudeurs. On protégeait parfois les cultures fragiles telles que les champs de céréales qui sans cela avaient à subir les assauts des troupeaux et des hommes.

De ces enclos nous demeurent les toponymes Le Claux (à 17 exemplaires), parfois le féminin La Clauze (6 exemplaires) et les dérivés : La Clauzade, Les Clauzades (5 exemplaires), Le Clauzel, Les Clauzels (5 exemplaires). A la même racine latine clavis, clef, se rattache Clavayrolles de St-Juéry, et Claveyrolles de Roquefort-sur-Soulzon ; ce sont de petites clavièras, au sens de clôture, enclos. Le toponyme Clavière(s) est bien connu par ailleurs dans le Cantal, l’Ardèche et la Haute-Loire.

Au chapitre des prés nous avions envisagé le déverbal sarrat de sarrar, fermer. Ainsi de Prat Sarrat, pré enclos, à Auzits, de même Prat Selves Sarrat à Laguiole, Prats Sarrats à Rieupeyroux ; de même le champ enclos, avec Camp Sarrat à Pont-de-Salars. On observe également des dérivés : comme on a clausada désignant l’étendue enclose, on a La Sarrade, de même sens, à Baraqueville, Montrozier, Ste-Radegonde, Les Sarrades à Montpaon, et le masculin Le Sarrat au Vibal. On observe enfin le dérivé en -al, sarral représenté avec Sarral à Brusque, Sarrals à St-Affrique et Les Sarrals à Castelnau-de-Mandailles.

 

 

6. La vigne

 

Il y a aussi les fruits de la vigne. Les noms de lieux La Vigne, Les Vignes ne sont pas rares, de même que les diminutifs Le Vignou, Vignelles, La Vignette, Le Vignot, La Vignotte. Le plus courant des dérivés est le Vignal, Les Vignals (l’étendue plantée en vigne) avec 21 occurrences.

L’ancien occitan vit pour vinha (du latin vitis, cep de vigne) est donné par Lavit de La Capelle-Bonance et de Saujac. Notons encore La Vinzelle de Grand-Vabre et la Binzèle de La Loubière représentant le latin vinicella « petite vigne » (avec perte de la voyelle interne atone).

Citons encore les nombreux La Treille (15 occurrences dont une grande partie dans le nord-ouest du département : Villefranche, Najac, Aubin, Bor-et-Bar...) qui représentent des vignes cultivées en treillage, sans doute complantées avec des arbres fruitiers qu’elles prenaient pour échalas.

Le plantier, le malhòl, est représenté sous les formes Mailhol, Maillol, Mayol et même Maliol à St-Christophe-Vallon, Golinhac, Combret, Palmas et Enguialès.

Le toponyme Revignes de Decazeville, Drulhe et Salles-Courbatiès est peut-être à rapprocher de Reyrevignes, où, dans notre ouvrage, nous avons vu le sens de « vieille vigne ».

Il faut enfin tenir compte des locutions toponymiques telle que Plantevigne de la commune de Firmi et « Pissa vin » (pisse vin) avec Pissevi de St-Just-et-Vacquières et Pisseby de La Rouquette.

 

 

7. Cultures de matières textiles

 

Nous terminerons avec les cultures de matières textiles, c’est-à-dire les chènevières des Canabières (ferme de la com. de Bozouls) et ham. de la com. de Salles-Curan), Les Canabals de la com. de Compolibat, sans doute Canabral (forme altérée ou variante graphique) de la com. de St-André-de-Najac et les noms de hamaux de Canabols à La Loubière et Montpaon.

A côté de la culture du chanvre, celle du lin est représentée par les nombreux Linas (Brousse-le-Château, St-Georges-de-Luzençon, St-Sever-du-Moustier) et Linars (Curières, Olemps, Le Truel, Vabres-Tizac, Asprières).

Ces toponymes représentent un dérivé linar (linars au pluriel) avec le sens littéral de « étendue de, terrain à » (comme on a Ségalar, terre à seigle ; Milhars, terre à millet ; Cadars, terre à genévrier).

Le dérivé en -ièra, linièra est représenté par La Linière (Grand-Vabre), Linière (St-Geniez-d’Olt), Linieyroux (Le Tayrac), le ruisseau de Lineirol (Naucelle), sans oublier Le Nayrac qui est un linarium  d’époque gallo-romaine ou du haut Moyen Age, domaine de la linière (Linariacum, en tenant compte que la suffixation en -ac a perduré au haut Moyen Age), et, après mécoupure, Le Nayrac.

 

 

 

 

De ces vols à tire d’aile au-dessus des paysages toponymiques aveyronnais, nous retirerons, bien entendu, un sentiment d’incomplétude. Il aurait encore fallu parler du défrichement des parcelles, de l’exposition des tènements (au midi, à l’adrech, ou au nord, à l’ubac) ; il aurait fallu traiter de l’importance et de la forme des pièces de terre, bien souvent de leur peu de rapport, de l’usage des bois et enfin des activités de gagne-petit.

Mais ce sentiment d’incomplétude est amplement contrebalancé par celui de la satisfaction d’avoir pu apprécier la densité et la texture d’un matériau toponymique qui est en fait l’échantillonnage d’une masse plus importante contenue dans la toponymie cadastrale et qui, pour une grosse part, est née de la langue des agriculteurs, de la culture des cultivateurs, et maintenue par elle, et dont la survie est totalement compromise par l’extrême raréfaction de cette population.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



07/07/2012
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